Promenade équestre II (Terminé)

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Les deux amis étaient finalement arrivés aux écuries. Nadesia se rendit d'abord au box de Miramis, la belle jument blanche, elle la fit sortir et tendit la bride à Daño.

Tenez, je vais chercher Medreas.

Pendant que Nadesia était allé cherché l'étalon noir, Miramis avait donné des coups de museau amicaux au jeune homme. Nadesia revint quelques minutes plus tard avec Medreas dont elle attacha la bride à un anneau accroché au mur. Elle ramena les selles et les installa sur les chevaux ainsi que les harnais. Finalement, elle détacha Medreas et monta sur lui. Elle regarda l'écrivain avec un sourire et lui dit.

J'ai l'impression que Miramis vous aime beaucoup...Medreas va être jaloux.

La jeune femme caressait doucement l'encolure du frison. La robe d'ébène de ce dernier luisait au soleil tellement elle était impeccable. Nadesia regardait Daño en souriant, attendant qu'il monte sur la jument.

Invité

Daño put admirer les couloirs du théâtre avant de s'émerveiller devant les jardins. Même les écuries étaient luxueuses, offrant sans aucun doute un grand confort à leurs habitants.

Le jeune homme put enfin rencontrer Miramis, dont son amie avait parlé avec affection quelques temps plus tôt. Il saisit la bride que lui tendait Nadesia, qui partit chercher sa monture. Il fut étonné de la finesse de l'animal, lui qui n'avait fréquenté que des chevaux de labour imposants. Il admira les muscles finement dessinés des pattes et de l'encolure, recouvert d'une robe blanche de tout éclat. La jument lui donna quelques coups de tête amicaux, ce qui rassura l'écrivain, qui avait eu peur que son empathie envers les chevaux se soit effacée avec le temps. Rassuré, il caressa la bête en lui souriant.

Lorsque l'actrice revint avec tout le matériel, Daño se sentit un peu bête de ne pas savoir s'y prendre. Petit, il montait à cru sur les larges dos de ses percherons. La selle sur laquelle la jeune femme monta avec aisance était une énigme pour lui. Il tenta de mettre son pied gauche dans l'étrier, ce qui ne lui demanda que peu d'effort. En revanche, il ne savait pas où se tenir pour se hisser mais finalement, avec fort peu d'élégance, il parvint à monter. Il rit de bon coeur :

"- Mon dieu, cela n'a pas dû être beau à voir ! J'espère que Miramis ne m'en voudra pas d'avoir un cavalier si peu élégant... hein jolie miss ?"

Il se pencha légèrement pour caresser la douce encolure de la jument. Elle ne semblait pas contrariée.

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Nadesia sourit en voyant le jeune homme se hisser. Tout en faisant avancer Medreas à hauteur de Miramis pour être à côté de Daño, elle lui dit.

Vous plaisantez, Miramis est honorée, elle a rarement l'occasion de promener un aussi beau jeune homme.

Nadesia fit un clin d'oeil à l'écrivain et commença à faire avancer Medreas au pas dans les allées bordées de roses, Daño étant juste à sa droite. Nadesia ferma les yeux et respira la douce senteur des fleurs qui envahissait perpétuellement l'endroit. Elle ne manquait pas de promener son regard sur le parc, qui semblait chaque jour plus somptueux. Des passants qui marchaient aussi sur le chemin ne manquaient pas de regarder les chevaux, émerveillés. Nadesia tourna la tête vers son ami et lui dit.

Alors mon cher, parlez moi un peu de vous...Pour l'instant, je ne sais que trop peu de choses. Vous êtes écrivain et vous êtes arrivé il y a peu, vous avez grandi à la campagne, mais encore ?

Nadesia souriait toujours tendrement au jeune homme. Il était vraiment rare qu'elle fasse preuve d'autant de douceur avec un homme mais Daño ne pouvait vraiment inspirer que ça...

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La selle étant toute nouvelle pour lui, le jeune homme eut quelques difficultés à trouver une position qui l'arrangeait. Il en conclut que quelle que soit celle qui choisirait, il subirait un assaut constant entre ses jambes... il s'en accommoderait, trop heureux d'enfin remonter à cheval.

Il emboita le pas à son amie. Daño put respirer l'air fleuri du jardin, très agréable. Le soleil lui donnait une dimension presque paradisiaque. L'écrivain imagina de suite ce décor dans un futur roman, qu'il écrirait bien évidemment après la pièce promise à Nadesia. Qui lui demanda des précisions sur sa personne. Le blond se gratta la joue, considérant son ancienne situation comme peu valeureuse, mais si la comédienne lui avait confié son passé tragique, il pouvait lui aussi le faire. Il avait confiance.

"- Eh bien que dire ? Je suis effectivement né en campagne, dans une fratrie de quatre : mes deux aînés, Sesma et Vadel, et ma chère petite-soeur, Varia. Ils sont..."

Il sourit faiblement.

"- Ils sont tous morts. Mes parents aussi. D'une terrible maladie que nous n'avons pu soigner, faute de temps et de moyens. Varia et moi avons pris la route ; j'ai eu la sottise de la laisser entre les mains d'une Soeur. Oh, elle n'était pas méchante, au contraire, mais à sa mort, elle a envoyé Varia dans un couvent, et j'ignore lequel."

Il regarda Nadesia, tentant de cacher l'amertume dans ses yeux.

"- Je suis devenu écrivain pour subvenir à mes besoins en ville, et pour ensuite pouvoir financer un voyage à travers le pays pour retrouver ma petite-soeur. C'est ma raison de vivre."

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Le sourire de Nadesia s'effaça aux paroles du jeune homme...Toute sa famille était donc partie en fumée et il ne savait pas où se trouvait sa soeur...Quel cauchemar...Nadesia se félicitait alors intérieurement d'autant plus d'avoir proposé à l'écrivain de travailler avec elle, étant donné la notoriété de la comédienne, il deviendrait vite connu et on lui proposerait sans doute plein de contrats avantageux après...

Je...Je suis vraiment désolée pour votre famille...

En y réfléchissant mieux, Nadesia n'avait pour ainsi dire plus de famille elle non plus, et comme Daño, son talent la faisait subsister. Mais à la différence de Nadesia, le jeune homme avait un but, lui. Bon, Nadesia avait bien celui d'atteindre Louis a un moment ou à un autre mais elle l'avait quand même mis en suspend depuis longtemps.

J'espère que vous retrouverez vite votre soeur...Ce doit vraiment être difficile...

Nadesia reconcentra son regard devant elle, elle se sentait légèrement mal à l'aise d'avoir fait parler Daño de son passé douloureux.

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"- Vous n'avez pas d'excuses à présenter, c'est la vie. Les débuts ont été durs pour moi en ville, c'est vrai, mais aujourd'hui je pense pouvoir dire que je jouis d'une situation correcte. Je peux manger à ma faim, j'ai un toit sur la tête, et un bon éditeur qui m'a aidé à me mettre en avant. Je ne suis pas malheureux... pour ainsi dire."

Il souriait. Après tout, il fallait relativiser ; il n'avait pas tout perdu. Tant qu'il n'aurait pas de nouvelles de Varia, Daño ferait tout pour retrouver cette dernière, quitte à en perdre son travail et sa place dans la société. Bien entendu, son but était toutefois de pouvoir faire profiter sa cadette de la petite richesse qu'il avait acquise grâce à l'aide de son éditeur et de son talent pour l'écriture.

"- J'ai aussi de bonnes connaissances, qui me proposent des contrats avantageux !" plaisanta t-il en rapprochant sa monture de celle de Nadesia, jusqu'à pouvoir lui donner un petit coup de coude amical, avant de se remettre de côté. La jeune femme semblait un peu tendue, elle ne devait pas s'attendre à une telle histoire. Mais elle n'avait aucun soucis à se faire, Daño considérant lui-même que tout allait bien.

"- Mais, et vous ? Si la question n'est ni indiscrète ni douloureuse... pourquoi votre père a t-il été exécuté ? Avait-il fait quelque chose de mal ?"

Le blond demandait cela en toute curiosité. Pour rien au monde il ne voulait blesser son amie ; il avait toujours pensé qu'en connaitre plus sur les gens que l'on aimait était le meilleur moyen de pouvoir les consoler par la suite.

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Nadesia s'attendait à cette question de la part de Daño...A ce moment, le cerveau de la jeune femme tournait à plein régime, elle se voyait mal mentir à l'écrivain...Et après tout, son plus grand secret restait Louis et sa vraie mère...A la limite, sa malédiction, elle pouvait en faire part aux personnes qu'elle affectionnait...Et même si Daño pouvait paraître parfois un peu simplet, il était intelligent et savait ce qu'il était bon de garder pour soi.

Eh bien...Mon père a été exécuté pour meurtre.

Nadesia releva la tête vers l'horizon.

Ma mère nous a maudit moi et mon père. C'est une sorte de magicienne à la solde de Sire Jasmine. Mon père étant assez volatile, ma mère ne l'a jamais apprécié et comme je passais beaucoup de temps en sa compagnie et le préférait à elle, elle ne pouvait pas me voir en peinture non plus...Sur un caprice, elle nous a donc mit sur le dos une sorte de malédiction qui fait que chaque nuit sans lune, nous avons envie de nous nourrir de sang...Un peu comme des vampires, vous voyez...L'ennui, c'est qu'un de ces fameux soirs, mon père a mystérieusement été pris au piège dans une cave. Il a mis un temps fou à en sortir et sa faim étant alors plus grande que jamais, il a sauté sur le premier passant dans la rue et l'a déchiqueté en public. Il a donc été accusé de meurtre et exécuté. Je reste persuadée que la porte de cette cave ne s'est pas fermée toute seule, j'ai mené ma petite enquête...La porte avait été verrouillée de l'extérieur. Je donnerais ma main à couper que ma mère ou un de ses sbires a fait le coup...

Nadesia tourna de nouveau le regard vers l'écrivain.

Voilà, vous êtes le premier à qui je confie de vive voix le secret de cette malédiction mais je sais qu'il sera bien gardé avec vous.

La jeune femme lui fit un discret sourire avant de replacer son regard devant elle.

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[j'aime ton "un peu simplet", cette censure est adorable XD]
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L'écrivain se demanda en premier temps si ce qu'il venait d'entendre n'était pas une farce. Nadesia semblait très sérieuse et il ne voyait pas pourquoi elle lui raconterait une telle histoire si c'était pour se moquer. Jusqu'ici elle ne l'avait jamais fait. Daño garda un temps de silence pour considérer ce qu'il avait entendu.

C'était là une histoire bien tragique. La haine des familles, Daño ne l'avait jamais connue et ne parvenait pas à comprendre comment cela pouvait être possible. Quant à cette malédiction... Nadesia avait utilisé le mot "vampire" ; le blond en avait entendu parler, il connaissait un petit nombre de légendes à propos de ces êtres sanguinaires, mais jamais aucune n'avait tenu de preuves concrètes et il trouvait cela généralement tiré par les cheveux. Il baissa la tête et ferma les yeux.

Une mère magicienne... une malédiction... des vampires... tout cela avait beau être tragique, Daño ne put s'empêcher d'avoir des paillettes dans les yeux :

"- C'est incroyable ! Oh, je suis vraiment navré pour votre père, c'est abominable ce qui lui est arrivé, mais... c'est de la magie !"

Le jeune homme ne pouvait plus être objectif ; son amie venait de lui parler de choses qu'il considérait comme formidables et passionnantes. Bien sûr, il était attristé que de tels évènements soient arrivé à Nadesia et sa famille, il présenta ses excuses pour son enthousiasme.

"- Et votre mère, qu'est-elle devenue ? Cela veut-il dire qu'elle a fait de vous un vampire ? Vous êtes un vampire ?"

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En voyant la réaction du jeune homme, Nadesia se dit qu'elle aurait peut-être mieux fait de dire des mensonges, ou du moins de rendre son récit moins magique...Elle fit signe à Daño de baisser d'un ton.

Parlez moins fort s'il vous plaît...

La jeune femme fit sensiblement accélérer Medreas et siffla pour que Miramis fasse de même, elle fit s'engager les chevaux dans un chemin plus tranquille menant au bois. Une fois qu'elle ne vit plus personne près d'eux, Nadesia se décida à rouvrir la bouche.

Je ne suis pas un vampire à proprement parler...J'en deviens une espèce lors des nuits sans lune et je suis immortelle, à part cela, rien d'autre...

Nadesia préférait passer sur son agilité hors normes...Il ne fallait peut-être pas trop en dire au jeune homme.

Mais bien sûr, je compte sur vous pour garder cela confidentiel...

Nadesia tentait de garder son calme mais elle avait de plus en plus l'impression d'avoir fait une bêtise en révélant tout cela au jeune homme...

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Confus, Daño posa sa main devant sa bouche. Il avait été si surpris qu'il n'avait plus pris garde à la situation. Il attendit d'entrer dans la forêt, que Nadesia avait pris pour direction, avant de rouvrir la bouche. Il voulut présenter à nouveau ses excuses mais la comédienne parla avant lui.

Son amie était donc immortelle et devait se nourrir de sang les soirs sans lune... c'était fascinant. Daño en avait des petits vertiges. La dernière phrase de Nadesia le frappa cependant comme une évidence. Elle venait de lui confier quelque chose de très lourd, de dur à vivre, il ne faudrait pas que tout ceci vienne à s'ébruiter. Le blond lui sourit amicalement, tentant de renflouer son exaltation :

"- Vous pouvez me faire confiance. Je suis navré de m'être emporté, c'est bien la première fois qu'il m'arrive une chose pareille ! Mais ne vous en faites pas, je comprends les lourds secrets et le votre est un poids bien malheureux ; je garderais tout pour moi."

Il quitta l'actrice des yeux pour observer les bois calmes dans lesquels ils étaient entrés. Le soleil filtrait calmement à travers les branches des arbres, le bruit des sabots sur le sol battait un rythme agréable, et l'air était frai. Depuis qu'il était arrivé à Dead Orchestra, Daño avait vécu des choses peu communes. S'il avait refusé de prêter une grande attention aux histoires paranormales dont il avait eu les vents au cours de son avancée, celle de Nadesia lui tenait à coeur. Il était désireux d'en savoir plus, comme pour nourrir sa curiosité d'enfant, mais jamais pour blesser son amie. Il la sentait tendue, et c'était compréhensible.

Comme pour lui faire oublier cette tension, le jeune homme pressa le pas de sa monture vers quelque chose qu'il avait vu au loin. S'en rapprochant, il découvrir un tout petit hérisson.

"- Oh Nadesia, venez voir ! Il est si mignon !"

Invité

Nadesia dirigea Medreas vers la direction indiquée par Daño. Il y avait un petit hérisson qui gambadait tranquillement. Nadesia sourit.

Oui, il est très mignon.

L'étalon commençait à trépigner, il n'était pas habitué à faire de gentilles ballades trop longtemps. Nadesia lui tapota l'encolure et replaça son regard sur l'écrivain.

A présent, un peu de sensations fortes, je vous conseille de vous accrocher.

Nadesia avait dit cela avec un sourire faussement sadique. Elle siffla et les deux cheveux partirent au grand galop à travers les dois, sautant parfois à l'unisson un tronc qui barrait le passage. Nadesia était assez proche du jeune homme, elle posa sa main dans son dos pour l'empêcher d'être déséquilibré quand Miramis saute des obstacles.

Quand Miramis saute, arquez vous en arrière, baissez-vous près de son encolure et vous ne perdrez pas l'équilibre.

Nadesia souriait, comme d'habitude, elle adorait ce genre de chevauchées effrénées. Les chevaux traversèrent un ruisseau à une grande vitesse, ce qui ne manqua pas d'éclabousser leurs cavaliers. Nadesia riait, rayonnante dans des moments pareils. Finalement, elle ordonna aux deux montures de stopper leur course une fois le cours d'eau traversé, elle et Daño étaient trempés. Nadesia laissa tomber sa tête sur l'encolure de Medreas en le caressant doucement.

Ah...Pour moi, il n'y a rien de plus exaltant que ça...

Nadesia fit un doux sourire au jeune homme.

Vous êtes encore vivant mon cher ?

Invité

Absorbé par la marche du petit hérisson, Daño ne prit pas garde à ce que disait son amie, aussi, il fut très surpris de sentir sa monture partir au grand galop. Son premier réflexe fut de se pencher en avant pour attraper la crinière de Miramis, recherchant à tout prix le moyen de rester sur le dos du cheval.

En voyant arriver un obstacle, l'écrivain de cramponna encore plus, n'osant même pas fermer les yeux. Il put sentir Nadesia poser sa main sur son dos... elle lui donna un conseil, qu'il écouta attentivement alors qu'un nouveau tronc barrait le passage des animaux. Daño exécuta les paroles de la comédienne et fut vraiment ravi de constater qu'elles avaient été brillamment efficaces. Il se senti un peu mieux, fier d'avoir appris quelque chose. Il n'avait jamais connu de galop.

Passer à travers le ruisseau lui inspira un véritable moment de magie. Les chevaux allaient à vive allure et l'eau jaillissait de toute part. Un sourire naquit sur les lèvres du blond, même si son dos commençait à le faire souffrir. Fort heureusement, Nadesia fit s'arrêter les animaux. Trempé, Daño tenta d'essorer ses cheveux et ses manches. À la question de son amie, il fit semblant d'être mort en se laissant tomber, tout comme elle, sur l'encolure de Miramis.

"- Vous m'avez achevé, chère amie...! Trop de sensations... mais c'était la plus belle chose que j'ai pu faire dans ma vie jusqu'ici ! Miramis n'a même pas bronché alors que je lui ai certainement fait mal, à m'agripper de la sorte à sa magnifique crinière..."

Il se redressa et flatta la bête avec un sourire.

Invité

Nadesia sourit de plus bel au jeune écrivain...Finalement, ce n'était pas si mal d'avoir des amis...La jeune femme descendit de Medreas pour le laisser se secouer quelque peu. Même s'il y avait peu de chance qu'il se sauve, elle accrocha les rênes à une branche solide qui se tenait non loin. Elle s'approcha du bord de l'eau et essora quelque peu ses manches et ses cheveux. Il faisait un soleil radieux et Nadesia se voyait mal revenir au Parc et au Théâtre trempée jusqu'aux os. Voyant que Daño ne la regardait pas, elle retira vite tous ses vêtements et les mit à sécher au soleil sur une branche. Elle releva davantage ses cheveux avec le ruban pour éviter qu'ils ne touchent l'eau et entra dans le ruisseau. Il était peu profond alors Nadesia s'assit dans l'eau sur le fond pour que tout son corps soit caché. L'eau était limpide, on voyait parfaitement le fond pierreux parcouru par endroits de quelques herbes aquatiques. Nadesia avait entouré ses genoux de ses bras et regardait l'écrivain qui tournait toujours le dos.

Vous seriez vous réellement endormi ?

La jeune femme rit doucement.

Invité

Toujours sur le dos de Miramis, qu'il n'avait de cesse de caresser, Daño n'avait pas fait attention aux agissements de Nadesia -une fois de plus. Lorsque celle-ci l'appela, il tourna la tête dans sa direction. Il crut avoir une crise cardiaque en la constatant nue dans le ruisseau. Particulièrement gêné, il détourna vivement son regard alors qu'une bonne dose d'adrénaline parcourait son corps, s'attardant avec soin sur son coeur que l'écrivain crut sentir exploser.

"- Par tous les saints, Nadesia...! Mais qu'est-ce vous faites ?"

Cette femme ne manquait vraiment pas d'audace. Serait-elle exhibitionniste ? Depuis le peu de temps qu'ils se connaissaient, Daño et elle, la comédienne venait de se déshabiller pour la deuxième fois non loin de lui. Incapable de parler, il descendit toutefois de cheval, prit les rênes de ce dernier pour aller l'attacher à une branche... la plus loin possible... quelle gêne...

Invité

Nadesia ria sur ses genoux...Elle était à peu près sûre que Daño réagirait comme ça. Il était vraiment trop adorable...

Daño...voyons, ne soyez pas gêné...Je fais juste sécher mes vêtements...Je n'aimerais pas mouiller le si beau marbre du Théâtre en rentrant...

La comédienne n'avait jamais été quelqu'un de très pudique, surtout quand elle se sentait à l'aise avec quelqu'un. Que ça puisse en choquer certains, elle n'en avait rien à faire...Pour elle, un corps était simplement un corps et il n'y avait aucune honte à le montrer.

J'ai compris...Vous êtes gêné parce que vous avez peur que j'attrape froid...Dans ce cas je reviens sur la rive...

Bien sûr, Nadesia n'en avait pas l'intention, elle avait juste hâte de voir la réaction du jeune homme, s'empêchant d'ors et déjà de rire.

Invité

L'excuse de Nadesia ne tenait pas la route...

"- Oui voilà, vous allez attraper froid ! Revenez !"

Puis soudain...

"- Oh non, non, non ! Restez dans l'eau ! Il fait encore plus froid dans l'air !"

Une main devant ses yeux, l'autre en arrière comme pour obliger la comédienne à rester dans le ruisseau, Daño ne savait plus où se mettre. Tout rouge, il fut pris d'une bouffée de chaleur et se cacha derrière le grand corps de Miramis, à qui il chuchota :

"- Elle fait toujours ce genre de choses ? C'est dangereux, elle pourrait avoir des ennuis... je suis si gêné..."

Invité

Comme s'il comprenait ce que Daño lui disait, Medreas hennit doucement. Et bizarrement, le cheval semblant avoir le même caractère taquin que sa maîtresse, il bougea de place pour ne plus cacher Daño. Nadesia riait en voyant la bouille écarlate du jeune écrivain...N'avait-il jamais vu de femme nue pour réagir d'une telle manière ? C'était fort possible. Nadesia se contenta de lui sourire gentiment et lui lança.

Je ne vais pas vous manger Daño, vous avez ma parole...

Quoique, plus il avait des réactions aussi mignonnes, plus Nadesia sentait naître en elle quelques envies...déplacées. Elle préféra se les sortir de l'esprit et s'adossa à un rocher, toujours ses genoux contre sa poitrine, la cachant. Elle ferma les yeux et ressentit un bien-être grandissant l'envelopper.

Invité

Dès que le cheval partit, semblant affecté par le même caractère que sa propriétaire, Daño se mit les mains devant les yeux, s'accroupissant au sol comme pour tenter de devenir invisible. Nadesia n'allait peut-être pas le manger mais lui sentait son visage dévoré par sa honte. Sa chemise s'humidifia tant il se trouvait bête.

Non, il n'avait jamais vu de femme nue. Uniquement sa petite-soeur, à laquelle il faisait prendre son bain et qu'il habillait chaque jour, puisque lui seul semblait être autorisé à le faire. Mais son corps était alors celui d'une enfant sans courbes et sans formes, et le rang familial lui tenait les idées claires. Sa mère n'avait jamais exposé son corps, son père ne le réclamait jamais. En somme, Daño n'avait jamais eu aucune approche de ce genre de choses.

En société, on lui avait appris qu'il ne fallait pas convoiter le corps des femmes s'il on ne voulait pas avoir d'ennuis. Le blond avait pas ailleurs subi des premiers contacts effrayants avec les demoiselles de la riche société ; leurs avances étaient évidentes et cela avait mis le jeune homme dans un embarra sans nom. Nadesia était son amie, il était vrai, mais il ne pouvait ôter de sa tête que la situation n'était pas normale et qu'elle ne devrait pas agir ainsi.

Enfant, il se serait déshabillé pour aller la rejoindre. Il se rendit soudain compte que son arrivée en ville l'avait quelque peu faussé dans sa nature.

Invité

Nadesia rouvrit les yeux et jeta un coup d'oeil à ses vêtements au loin qui semblaient secs. Son sourire l'avait progressivement quitté en voyant que l'écrivain avait l'air de se sentir vraiment gêné...Elle y était peut-être allée un peu fort. Elle siffla Medreas qui arriva en trottinant près du ruisseau, Daño ayant mal attaché sa bride, il n'avait eu aucun mal à se libérer. Nadesia se leva de l'eau, son corps caché par Medreas qui était posté devant elle. Nadesia retira un grand pan de tissu fin de sous la selle du cheval. Elle en avait toujours mis un au cas où elle voudrait s'arrêter s'asseoir lors d'une promenade. Elle s'en servit pour se sécher grossièrement et l'essora avant de le replacer là où il était. Elle se dirigea vers ses vêtements, toujours Medreas devant elle, avançant au même rythme. Elle repassa rapidement ses vêtements et ses bottes et détacha complètement les cheveux, laissant ses longues boucles noires et violines s'envoler légèrement dans le vide. Elle déposa un baiser sur l'encolure du cheval et tout en le tenant par la bride, l'attira près de Daño qui avait toujours ses mains devant ses yeux. Nadesia s'accroupit face au jeune homme et lui attrapa les poignets pour lui faire lentement baisser les mains. Elle l'enlaça doucement et lui dit.

Excusez moi...Ce que j'ai fais était très mal élevé...Mais j'ai perdu l'habitude d'avoir de la pudeur, je ne m'imagine plus que cela peut choquer quiconque...Je ne voulais pas vous effrayer Daño...Pardon.

Nadesia promenait doucement ses doigts dans les cheveux de l'écrivain, comme si elle consolait un enfant.

Invité

Il sentit Nadesia l'enlacer doucement. Il eut d'abord peur qu'elle soit encore nue, mais il sentit des vêtements sur elle. Par méfiance cependant, il ne rouvrit pas les yeux.

Elle présentait des excuses adorables... elle semblait réellement s'en vouloir, peut-être était-ce lui qui avait un peu trop exagéré ? Il était à présent un homme, ses réactions restaient celles d'un enfant ignorant et faible. Au creux des bras de l'actrice, il soupira. Elle était douce et rassurante, comme une mère. Il en aurait presque pleurer. Il se rappela les tendres attentions de sa défunte mère lorsque petit, il s'écorchait les genoux dans les graviers ou tombait de la charrette familiale. Il profita quelques instants avant de présenter ses excuses :

"- Vous n'avez rien fait de mal, c'est moi qui suis puéril... je suis mal à l'aise avec votre corps et je m'en excuse, un ami ne devrait pas agir de la sorte."

Ainsi dit, il rouvrit les yeux et savoura le petit vent frai qui venait lui caresser le visage. Il faisait beau, l'air était très agréable, et Nadesia était douce. Il aurait fort volontiers passé le restant de sa vie ici, comme ça. Il prit à son tour la comédienne dans ses bras et la serra contre lui.

"- Je tâcherais de me montrer moins pudique. Mais n'exposez pas ainsi votre corps, je crains que cela ne vous joue des tours un jour..."

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Nadesia eût un sourire aux paroles de l'écrivain. Elle l'incita à se relever, le gardant néanmoins dans ses bras. Elle lui déposa un baiser sur la joue et lui dit en se détachant doucement.

Je suis loin d'être aussi à l'aise avec tout le monde Daño...C'est juste qu'avec vous je suis tellement en confiance que je n'éprouve aucune gêne à montrer mon corps mais croyez bien que je ne fais pas cela avec le premier venu.

Nadesia fit un clin d'oeil au jeune écrivain avant de passer amicalement sa main dans ses cheveux, lui ébouriffant légèrement. Elle lui sourit et se dirigea vers Medreas, qu'elle monta de nouveau, attendant que l'écrivain reprenne place sur Miramis. Nadesia sortit sa montre à gousset de sa veste cavalière et regarda l'heure, déjà 16 h 48. Si elle voulait allé au bal, il ne fallait plus trop tarder car elle mettrait un certain temps à s'habiller, sans compter qu'il fallait retourner aux écuries puis au théâtre préalablement. Elle rangea sa montre et lança à l'écrivain.

Nous allons contourner le ruisseau en passant par le pont de pierre un peu plus bas, je ne tiens pas à être de nouveau trempée.

La comédienne sourit à Daño et lança Medreas au pas, l'écrivain ne tarda pas à revenir à sa hauteur.

Que comptez-vous faire une fois rentré ? Moi, je me rends au bal ce soir, il m'arrive de temps à autre de vouloir y aller...

Invité

Daño garda le silence, Nadesia était vraiment une femme adorable. Il se jura qu'il ferait toujours tout pour la protéger ; il ne voulait pas la voir disparaitre comme trop de personnes chères à ses yeux. Même si sa malédiction faisait d'elle une immortelle, le jeune écrivain tenait à faire en sorte de la rendre heureuse pour les années qui lui restaient, tant que leur amitié durerait. Il lui sourit en grand, ravi, quand elle lui ébouriffa une nouvelle fois les cheveux. Elle aussi le protégerait, il en était certain.

Comme elle remontait à cheval, il fit de même, cette fois élégamment. Alors que les chevaux reprenaient leur avancée, Daño réfléchit à la question de Nadesia. Qu'allait-il bien pouvoir faire ? Il pouvait commencer à écrire la pièce qu'il lui devait. Il faudrait aussi qu'il range un peu sa chambre, il avait si absorbé par ses écrits qu'il en avait oublié de la tenir propre. Mais quand il apprit qu'il y avait un bal...

"- Oh, un bal ? En quel honneur ? J'ignorais qu'il s'en tenait un...! Ma foi... je pense avoir du temps devant moi pour écrire et rencontrer mon éditeur, peut-être pourrais-je y faire un tour...?"

Le blond avait d'ors et déjà très envie d'y aller. Ses obligations faisaient pale figure à côté d'un bal, où il y aurait de la musique, des couleurs, des rires... et Nadesia. Les yeux pétillants, il souriait pour lui en caressant l'encolure de Miramis.

Invité

Les deux cavaliers passèrent le pont tranquillement. Nadesia se demandait si le fait que Daño vienne au bal était une bonne chose...Elle ne savait que trop comment la plupart de ces soirées se terminaient...Elle continua.

Vous savez, ce n'est pas l'image du bal de conte de fée qu'il faut avoir à l'esprit pour se donner une idée de ces réceptions...Encore, les bals masqués sont beaucoup plus joyeux et approchants de cet univers. Mais ce soir, il s'agit d'un simple bal dansant où tous les petits nobles un peu frustrés sexuellement viennent s'enivrer à l'alcool et donner libre cours à leurs fantasmes.

Nadesia sourit en disant cela et continua.

En somme, rien de bien passionnant...J'ai juste envie d'y aller pour y rencontrer quelques personnes et parce que cela fait un bail que je ne m'y suis pas rendue...

La comédienne tourna la tête vers l'écrivain.

Vous pouvez tout-à-fait venir mais je ne sais pas si l'ambiance sera à votre goût...

En effet, si Daño était quelqu'un d'impressionnable, mieux valait qu'il se garde d'aller à ce bal car ce qui s'y jouait comme spectacle était bien souvent bien plus choquant qu'une femme nue dans un ruisseau.

Invité

Nadesia le mettait en garde et c'était fort bien venu. En effet, la description qu'elle faisait du bal que Daño voyait dans son imagination comme une soirée fantastique prenait donnait soudainement un goût amer à la chose. S'il avait la frousse en voyant son amie se dénuder, il y aurait de fortes chances pour que le jeune écrivain se sente très rejeté et beaucoup trop décalé pour pouvoir faire quoi que ce soit. Il sourit faiblement... tant pis.

"- Merci de m'avertir, sans cela je pense que j'aurais été bien surpris...! Je n'irais donc pas, je vous fais confiance. Je me mettrais donc à écrire la pièce que je vous dois, et je vous promets qu'elle sera magnifique !"

Il lui sourit. Puis il jeta un oeil au paysage. Ce parc était vraiment très beau, il songea qu'il devrait y venir plus souvent. Sans qu'il n'ait eu le temps de s'en apercevoir, Nadesia et lui étaient revenus aux écuries. Quel dommage, sa journée avec la comédienne allait s'arrêter là. Il aurait bien souhaité rester avec elle quelques temps de plus.

Invité

Le retour était passé beaucoup plus vite que l'allée...En tous cas, Nadesia se souviendrait de ce fameux jour des visites comme le plus agréable de toute son existence jusqu'à maintenant...Daño avait vraiment illuminé sa journée. Une fois arrivés aux écuries, les cavaliers descendirent des chevaux et Nadesia apporta le nécessaire de pansage. Elle donna une étrille à Daño et tous deux se mirent à brosser les chevaux, parfois tous deux sur le même cheval en riant. Parfois encore, Nadesia s'amusait à passer la brosse dure dans les cheveux de l'écrivain. Elle ne s'était jamais autant amusée qu'aujourd'hui. Et si au départ, elle avait eu une certaine attirance physique pour la jeune homme, à présent, elle commençait davantage à le considérer comme son frère ou son meilleur ami. Après avoir nettoyé les sabots des chevaux, Nadesia et Daño les ramenèrent au box, Nadesia vérifiant toujours que leur paille était propre et leurs mangeoires remplies, en gros, que les palefreniers faisaient leur travail. Tout était en ordre. Après avoir dit au revoir aux montures, les deux amis ressortirent, main dans la main, presque instinctivement. Une fois dehors, Nadesia promena son regard sur les rosiers un peu plus loin, elle était quelque peu triste de quitter l'écrivain. Elle le serra dans ses bras et lui dit tout en ayant la tête posée sur son torse.

J'ai passé une merveilleuse journée grâce à vous...Et je suis certaine que c'est loin d'être la dernière...

Nadesia se détacha du jeune homme et lui vola un baiser sur les lèvres avant de commencer de partir, elle se retourna et lui dit avec un sourire.

Et je compte sur vous pour venir me voir sur scène.