Parmi les êtres de mort (libre)

Ange / Gardien

Sitaël sort la dernière bougie de sa sacoche et la pose soigneusement dans la poussière du cimetière, entre deux tombes. A peine arrivé, à peine juré allégeance à Hector, il s'était déjà mis au travail. Retrouver l'Aghori était désormais sa priorité, et il lui fallait une première piste.

Malgré la nécessité du rituel, l'Aghori était certainement un être si pestilentiel qu'il ne faudrait pas longtemps à l'ange pour trouver sa trace.

Il rectifia la position des bougies et commença à tracer avec son index des figures dans la poussière. Malgré la complexité des formes ésotériques entremêlées, le geste de Sitaël était sûr, précis. Lorsqu'il eu fini, il sortit de sa sacoche des allumettes...Et arrêta immédiatement son geste.

Un craquement non loin. Quelqu'un était donc ici ?

L'ange tendit l'oreille un moment, puis reprit ses affaires comme si de rien n'était. Il alluma les bougies calmement, sans tenir compte d'un nouveau craquement derrière lui. Il s'était affranchi du réflexe de poser sa main sur le pommeau de son épée sitôt qu'il avait quitté les rangs des Archanges. A quoi bon se montrer excessivement agressif envers des invités...ça n'arrangeait généralement pas les premiers contacts. Et sa mission était bien plus importante qu'un observateur de rituels à des heures pas possibles au cimetière. D'ailleurs quel être de chair aurait l'idée de se promener dans un endroit pareil à cette heure ci ? Sitaël connaissait l'aversion des êtres de chair pour les êtres de mort. Une question de folklore trop fourni certainement...Bien que dans certaines contrées l'Ange avait assisté à des rituels morbides ou les morts se relevaient à leurs terme. Etranges coutumes que celles des êtres de ce plan...

Il écarta les pans de sa longue robe et s'agenouilla face à son travail. Brisant sa forme humaine il déploya ses larges ailes et écarta les bras. Sa peau, striée de toute part de reflets bleus, était un puzzle de runes dont la lumière ronronnait doucement dans la nuit. Il ouvrit la bouche et commença à psalmodier dans sa langue, d'une voix grave. Chercher la piste de l'Aghori ne lui drainerait que peu de forces, c'était limite si il pouvait sentir sa puanteur d'ici, il lui fallait juste un indice plus précis sur sa...

Maintenant qu'il était concentré, il sentit clairement une présence non loin de lui. Il arrêta immédiatement de chanter, replia ses ailes, qui disparurent...Sans se retourner il dit simplement, calmement à haute voix:

- Je vous serais reconnaissant de vous montrer. Je sais que vous êtes ici. Le simple fait que vous désirez vous cacher de moi perturbe mon rituel.

Il se releva, épousseta sa robe et reprit

- Montrez vous, qui que vous soyez. Je ne vous veut aucun mal.

Humain

Ezio se sentait bien dans les ténèbres de ce cimetière. L'absence du sourire de sa soeur lui faisait grand mal. Voir des gens heureux ne parvenait qu'à peine à soulager ses pensées. Aussi, après une chasse avec Mordecai, s'était il éclipsé pour se rafraichir les idées.

Le vent entre les tombes lui semblait aussi doux qu'une berceuse. Peut être ce soir aurait il l'occasion de trouver quelques mécréants à effrayer, ou mieux, quelques violeurs à éviscérer en toute tranquillité.

Mais, de loin, il aperçut une forme penchée, sur un travail obscure à sa connaissance. Sachant les dangers de se faire repérer sans le vouloir et connaissant les conséquences lourdes pour lui, Ezio entreprit de faire quelques petits bruits afin de signaler sa venue.

- Je vous serais reconnaissant de vous montrer. Je sais que vous êtes ici. Le simple fait que vous désirez vous cacher de moi perturbe mon rituel.

L'homme ou ce qui y ressemblait se releva, épousseta sa robe et reprit

- Montrez vous, qui que vous soyez. Je ne vous veut aucun mal.

Auditore se plaça dans les branches d'un arbre sec, mort, proche de là où était l'étranger. Il fit craquer quelques branches de plus afin d'attirer l'attention de l'autre, tout en faisant un mime de révérence avec un chapeau haut de forme imaginaire.

- Bonsoir cher ami. Ne vous préoccupez pas de ma présence, je suis ici en tant que locataire de cet être sec et biscornu pour la nuit. Ne vous dérangez donc pas pour de telles frivolités que moi ici présent.

Ezio sourit sous sa capuche et se cala quelque peu contre le tronc de l'arbre. Il entreprit de sortir ce qu'il avait pu "trouver" sur son chemin : quelques grammes de fort bon tabac.

Ange / Gardien

Sitaël vit enfin la personne émerger de l'ombre. Un rapide coup d'oeil lui permit de diagnostiquer que l'inconnu n'était pas hostile. Pas d'agressivité, paroles cohérentes, peau claire, absence de griffes, cornes, dents, port de vêtements...Non, il n'avait pas l'air d'une victime de l'Aghori. Cela ressemblait à un être de chair mâle de tout ce qu'il y avait de plus ordinaire.

Ce qui intrigua l'ange, ce fut ses vêtements. Après tant de descentes dans le plan des êtres de chair, Sitaël avait apprit à faire attention aux détails. Chaque partie de vêtements, chaque forme de visage était un moyen de déchiffrer son interlocuteur: son métier, ses origines, sa culture, son époque...
Pourtant sur cet homme, malgré la pénombre, Sitaël ne reconnut rien. Son visage était masqué par une large capuche, et à part remarquer que ses vêtements semblaient solides et de bonne facture, l'ange n'arriva pas à y mettre une origine dessus.

- Bonsoir, homme. Je ne me préoccupais pas de votre présence, mais de votre..."imprésence". Je chasse quelque chose qui est caché. Le fait que vous demeuriez caché vous même perturbait mon action, mais je vous suis reconnaissant de votre coopération. Vous êtes plutôt aimable pour la moyenne des êtres de chair que j'ai pu croiser jusqu'ici.

Locataire hm ? Cet humain avait plutôt l'air bien habillé pour n'être qu'un errant. Peut être vivait il malgré son rang en marge de la société de cette ville? Qu'importe, il fallait terminer ce rituel et retrouver la trace de l'Aghori, c'est tout ce qui compt...

Alors que l'ange allait retourner à son pentacle, il arrêta son geste et fixa de ses yeux blancs brillants les gestes de l'intrus. Il avait sorti une matière étrange et semblant parfumée, et s'appliquait à faire des gestes...Assez troublants. Que faisait il ? Sitaël n'avait jamais vu d'être de chair s'adonner à un tel rituel. Peut être était ce récent ?

Humain

Ezio sourit tout en commençant à rouler doucement son tabac. Il était bien précieux en ce moment, les commerces peinant à cause de la guerre à travers Dead Orchestra. Il vit soudain l'étranger se figer et le fixer. Plus précisément se fixer sur ses doigts adroits et le tabac.

- Vous n'avez peut être pas rencontré les plus éduqués d'entre nous, si je puis dire...

Auditore croisa les jambes et appuya un petit peu plus son dos contre l'écorce craquante. Ses mains se mirent à chercher sans être pressées plus que ça des allumettes ou même un briquet qu'il devait bien avoir subtilisé en même temps que le tabac...

Ezio vit le regard toujours plus pressant que l'homme portait sur son plaisir. Il comprit bien vite ce qu'il lui restait à faire. Sans plus attendre, il commença à rouler un autre petit rouleau, peu chargé. La chose fut rapidement faite. Il le tendit à l'autre du bout des doigts, montrant par la même occasion qu'il ne lui donnait que ce rouleau et pas quelque piège.

- Vous voulez essayer ? Vous risquez fort de détester. Ou de tomber sous sa coupe.

Ange / Gardien

La réponse de l'homme fut satisfaisante pour l'ange. Il était certain qu'il avait accomplit énormément de voyages dans le plan des humains, qu'il avait apprit beaucoup de choses et rencontré toutes sortes de gens, Sitaël avait pourtant fini par comprendre qu'il lui serait impossible de faire le tour de toute l'humanité. Chaque être de chair était un individuel différent de son voisin, et emplit de subtilités très fines. Sitaël avait fini par apprécier cet aspect des êtres de chair. Leurs capacités d'évoluer, leurs personas se changeant au fil de l'évolution de leurs cultures et sociétés...Oui, cela changeait bien de son quotidien chez les anges. Bien qu'il n'avait rien contre les règles, si strictes soient elles, Sitaël aimait être surprit.

Perdu dans ses pensées, il n'en fut tiré que lorsque l'homme lui tendit un autre de ce cylindre de papier étrange. Le regard de l'ange s'attarda sur le geste, il n'en conclut rien de dangereux. Hochant simplement la tête, Sitaël dit simplement:

- Cela semble être un rituel intéressant, mais je n'ai pas pour habitude d'accepter des présents venant d'inconnus. Particulièrement lorsqu'il s'agit d'humains. Ne le prenez pas mal, j'ai eu de nombreuses déconvenues avec d'autes êtres de chair, je préfère assurer des introductions plus...traditionnelles.

L'ange s'inclina légèrement et reprit

- Je me nomme Sitaël Malhaki, Seraphim du 4ème cercle, je suis un ange en mission de chasse sur cette terre.

Les bougies vaccillantes attendaient toujours, mais Sitaël ne réchignait pas à sacrifier un peu de temps pour le bien de la politesse. C'était une chose essentielle, aussi bien chez les anges que chez les êtres de chair. Et Sitaël était toujours heureux de croiser des personnes avenantes, cela changeait également des relations qu'il avait avec les autres de son espèce.

Humain

Ezio fut tout simplement surpris. Il avait en face de lui un Séraphin. Rien que ça. Mais il devrait être rôdé depuis le temps, ce n'est pas ici qu'il trouvera de la normalité ou pire, de la routine. C'était ce qui génère l'originalité, l'essence des lieux. Un pur plaisir pour celui qui n'a plus goût à rien. Mais le plus intriguant, c'était qu'il avait en face de lui un Séraphin en Chasse. Pas parti pour la cueillette d'âmes perdues et de marguerites. En Chasse.

- Je ne doute pas que vous soyez tombé sur quelques malandrins. Le contraire m'aurait plus étonné. Savez vous au moins ce que c'est ? Loin de moi l'idée de sous entendre que vous soyez stupide, mais étant un Séraphin, je ne sais si vous connaissez ce genre de produit.

Ezio tendit de nouveau la cigarette jusqu'à ce qu'il le prenne au moins dans sa main pâle.

- A mon tour de décliner mon identité : Ezio Auditore à votre service. Humain au métier quelque peu salissant.

Il descendit de son arbre pour mimer une courbette, un sourire espiègle aux lèvres. Il eut une exclamation de plaisir lorsqu'il mit enfin la main sur ce foutu briquet et pu allumer son petit plaisir. Il rangea aussitôt l'objet, voyant bien que Sitaël ne fumerait surement pas, méfiance et prudence prédominaient chez lui.

- Et que chassez vous donc ? Sans être indiscret bien sûr. Car il est tout de même rare que vous ou vos semblables soyez parmi nous si je ne m'abuse...

Ezio tira de nouveau une latte en s'adossant cette fois contre le tronc desséché. Il allait de nouveau dormir le jour, au train où cela allait... Bah ! Il en avait pris l'habitude. Il pourrait toujours éteindre la vie de quelques malfrats. Ou tout simplement aller voir de jolies jeunes filles.

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